Point 1 : vous êtes-vous déjà amusé à observer un client lors de son achat de PC ou portable dans une grande surface ? Si la réponse est non, je vous invite à le faire, parce que c'est très révélateur sur nombre de questions qui surviennent par la suite.
Le client arrive sur l'espace dédié aux PC et autres produits informatiques. Il regarde un peu, passe devant un premier, puis un second. J'ai repéré quant à moi où se trouvait le plus "intéressant" de tous les pc proposés. Mon client voit aussi ce PC, il reste devant, puis revient au premier et ainsi de suite durant un bon 1/4 d'heure. Il fait appel au vendeur et semble avoir décidé d'en prendre un. Ils vont aller ensemble à l'enregistrement, bon d'enlèvement et paiement. Puis ce client vient à l'entrée pour y réceptionner ses cartons. Je vois qu'il a finalement opté pour le second des PC exposés. Contrairement au premier, le second est un modèle qui est en route, et donc son écran laisse voir l'interface de Windows XP. Ce premier PC est pourtant un modèle moins cher que le second, et légèrement plus performant, par contre le look de l'ensemble est un peu moins soigné. J'en déduis que c'est l'apparence qui prime dans ce cas.

Quelques semaines plus tard, je retourne dans cette grande surface, toujours au même rayon, et j'attends encore qu'une acquisition se fasse. Cette fois-ci je m'approche du monsieur et je l'aborde une fois que le vendeur est parti chercher les cartons. Il me confirme avoir porté son choix sur l'apparence en premier, ensuite sur le prix. À la question,
<<savez-vous vous servir d'un ordinateur ?>> Réponse :
<< non, mais le vendeur me dit que tout est installé, il suffit de relier les composants, et lancer le tout, suffit juste de suivre le dépliant livré avec le PC.>>

Une troisième personne me dira qu'elle a pris son PC parce que celui-ci était détaillé sur le dépliant publicitaire qu'elle a trouvée dans sa boite aux lettres, que son prix était dans son budget, alors c'est celui-là, pas un autre.

Une quatrième plus tard me dira qu'elle avait besoin d'une machine plus puissante. Et à cette personne, ma question suivante sera :
<<Pourquoi acheter votre machine ici, plutôt qu'un magasin spécialisé ?>>
<<J'ai acheté mon premier PC ici, il tourne bien, le vendeur me l'avait dit la première fois, il avait raison. De plus il m'assure que celui-là tournera mieux encore...>>
Où est-ce que je veux en venir ?
Tout simplement que le choix d'un PC ne repose pas sur le système d'exploitation, mais surtout le fait que tout est prêt à recevoir le nouveau client.

Ceci explique aussi le choix de Dell qui décide de se tourner vers une grande surface pour vendre certains matériels en France.

Le tout repose sur une stratégie vouée entièrement à la vente. Si les ristournes concédées lors de ces ventes sont intéressantes pour carrouf, les vendeurs auront instruction d'orienter les clients vers des Dell plus que d'autres. En grande surface, aucune machine ne sera (ou n'est) vendue sans son système d'exploitation, ce qui nous amène au point suivant.

Point 2 : Microsoft et les constructeurs.

Microsoft a établi avec les constructeurs d'ordinateurs des partenariats. En échange de l'installation de ses produits, Microsoft baisse le coût des licences, assure un support uniquement pour ces licenses et seulement pour les constructeurs. En consentant d'autres baisses ou avantages, Microsoft va aussi pouvoir mettre la pression de telle façon que tel système d'exploitation va être favorisé par rapport à tel autre de ses produits, mais aussi produits tierces, voire OS concurrents.

Dès lors, on comprend mieux les arguments des constructeurs face à la vente liée, mais également sur la prédominance de Microsoft en terme logiciel.

Ce dernier va beaucoup plus loin puisque sa cible n'est plus le client actuel, mais le client potentiel futur, l'enfant. Microsoft va faire un bon gros lobbying sur le lieu le plus propice, c'est à dire l'école. Puis les facs et autres universités, suivi par l'éducation nationale, la recherche, les administrations centrales et ainsi de suite. La pression se fera grâce au matériel donné, ou mis à disposition, les ristournes et autres prix de "gros". Le problème, il ne faut pas qu'on parle trop de GNU/Linux, Microsoft doit faire en sorte que les distributions libres restent dans l'ombre.
Ce qui m'amène au point suivant.

Point 3 : les constructeurs et GNU/Linux.

En premier, j'en vois déjà certains qui se demandent, mais de quoi il me cause lui ? Pour eux, je ne vais pas remplacer l'article (en français) sur Wikipedia.

Il faut bien dire que Microsoft s’est fourvoyé complètement lors du développement de Windows Vista, et pour des raisons relevant surtout d’une « idéologie », au détriment de la technique. Toutes les tentatives auront été mises en œuvre pour tenter de corriger ce rejet. Ni les entreprises, et encore moins les clients particuliers ne voudront de ce système d’exploitation qui devait à l’origine « révolutionner » le monde informatique. Même pas la peine de mentionner ici les premiers effets d’une crise financière mondiale qui commence également à pointer…

Les constructeurs commencent à entendre certaines réflexions qui font état d’un changement de modèle. Bien que le partenariat avec Microsoft reste en vigueur, GNU/Linux semble enfin avoir été entendu. Proposer des machines pré-équipées du système GNU devient enfin une alternative. Or à ce niveau une erreur (selon moi) est faite. Si je peux parfaitement concevoir que le netbook est une opportunité de vente destinée principalement à combler un manque à gagner, ce « portable de poche » ne pourra pas exploiter les potentialités de l’OS du Manchot. Dell ira jusqu’à proposer des portables avec Ubuntu, et ça ne marchera pas. Lenovo va de son côté mettre en avant SLED 10 (SuSE Linux Entreprise Desktop) et Hewlett Packard s’associe avec Mandriva, mais mêmes causes et mêmes effets. C’est l’échec.

Pourquoi échec ? Les entreprises mais aussi les particuliers ne changent leur matériel que lorsque c’est nécessaire. Les gens ne vont pas acheter des PC pour faire plaisir aux constructeurs. De plus, les entreprises doivent tenir compte de l’infrastructure existante, ensuite de la formation du personnel. Le particulier, c’est plus simple à ce niveau-là, mais encore faut-il savoir pour lui ce qu’est GNU/Linux, avant l’achat. Tout comme il va devoir se former ou être formé. On va toujours pouvoir argumenter avec le fait qu’un nouvel utilisateur d’ordinateur aura ce même problème et ce quel que soit le système d’exploitation ; c’est vrai mais il semble que Microsoft y réussisse mieux que GNU/Linux. Si l’acheteur est en renouvèlement de matériel, d’autres points entrent en jeu. Dont cette saleté « d’image » selon laquelle Linux est synonyme de « geek », ou encore « système fait par des informaticiens pour les informaticiens ». Alors là amis linuxiens, vous n’êtes pas sorti des embêtements.

Je considère qu’à force de « troller » partout et pour n’importe quoi, vous écarterez ou annulerez toute chance de voir venir massivement de nouveaux utilisateurs. Parce que non seulement vous vous amusez à le faire face à un sujet comme Microsoft ou Windows, mais en plus vous vous payez le luxe de le faire à l’intérieur même de GNU/Linux, un peu dans le genre :

« La gestion des rpm est meilleure que les deb… Ou telle distribution c’est de la balle, telle autre c’est de la merde… »

Pour les polémiques entre Linux et Microsoft, c’est pire encore, alors là il n’y a plus aucune retenue. À tel point que ça me fait penser à cette histoire interminable entre Palestiniens et Israéliens. L’un rejette la cause de ses malheurs sur l’autre, puis parce que l’un a fait ça il justifie sa réaction par une réponse « appropriée ». Ça en devient ridicule, franchement, tant du coté de Linux vis-à-vis des autres distros, mais aussi vis-à-vis de Windows.